Otis REDDING – The Dock of the Bay (2)

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1968 – Mai 68 et les CHANSONS MARQUANTES de l’ANNÉE (2)

Le 9 décembre 1967, juste après avoir terminé l’enregistrement de cette chanson, Otis REDDING meurt d’un tragique accident d’avion à seulement 26 ans. Il meurt sur le coup ainsi que 6 musiciens sur 7 des Bar-Kays dans le lac Monona de Madison (Visconsin). Les corps seront repêchés le lendemain de l’accident.
« Dock of the Bay » sort 1 mois plus tard début janvier et se classe N° 1 un peu partout dans le monde. Depuis ce titre est devenu un classique de rythm’n’blues de la production Stax, très différente de celle de Tamla Motown. C’est un titre majeur de 1968.

Michel POLNAREFF – Le bal des Laze (1)

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1968 – Mai 68 et les CHANSONS MARQUANTES de l’ANNÉE (1)

C’est Michel POLNAREFF qui ouvre le bal de 1968 avec « Le bal des Lazes ». Cette chanson magnifique avec ses accords d’orgue envoûtants, son contrechant également à l’orgue et une belle ligne de basse électrique est l’une des plus réussies de Polnareff. Le passage instrumental modulant à 2:25 est tout simplement sublime. L’histoire aurait été inspirée par une bourgade du Finistère, Laz où il y avait effectivement un château. Dans divers chants bretons il est aussi question d’un comte de Laz et d’une dramaturgie analogue à celle de la chanson… Un monument de la chanson française.

Johnny HALLYDAY – Cheveux longs et idées courtes (1966)

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Johnny Hallyday

Cheveux longs et idées courtes (1966) [EP]


En 1966, la vogue du Yéyé et du Rock touchent à leur fin. Johnny Hallyday sentait bien après 4 années de règne en tête sans partage dans le cœur des français, qu’une partie du public le délaissait, attiré par les sons d’outre-Manche et d’outre-Atlantique des Beatles, des Stones et de Dylan en particulier. Même en France, le rock pur et dur est battu en brèche par les Hugues Aufray et surtout les auteurs-compositeurs-interprètes que sont Michel Polnareff, et Jacques Dutronc.
Pour affirmer sa position d’éternel N°1, Johnny, avec la complicité de Jean-Marie Périer, photographe patenté des idoles des sixties, monte sur une échelle afin d’être le plus en vue sur la célébrissime photo de Salut les Copains du 12 avril 1966.
Johnny négocie donc un virage musical délicat en lançant sur le marché français des adaptations de musique noire, Funk et Rhythm’n’blues de James Brown, Wilson Pickett et Otis Redding afin de conserver une image concordant avec celle du rocker des années précédentes. Le batteur Tommy Brown et le guitariste Mick Jones (futur Foreigner) étaient engagés pour former son nouveau groupe les The Blackburds.
Tout aurait pu fonctionner parfaitement si l’agitateur Antoine n’avait pas balancé au printemps 1966 un gros pavé dans la mare avec ses « Élucubrations » provocantes qui mettent Johnny Hallyday en « cage à médrano » sur des sonorités dylanesques.
Un peu pris de cours, Johnny demande à un ami de lui composer une riposte. Cela donne le curieux « Cheveux longs et idées courtes » signé Johnny Hallyday-Gilles Thibault, faisant passer Johnny, le roi du cover, pour un authentique compositeur.
Malheureusement pour lui, il s’avère que cette chanson n’a rien d’une version originale. Ce n’est ni plus ni moins qu’un plagiat de « My Cricified Jesus » d’un artiste skiffle-folk-blues Belge Ferre Grignard qui avait eu son heure de gloire avec « Ring, Ring, I’ve Got to Sing » l’année précédente. Le titre original, malgré une inspiration folklorique, a donc été grossièrement maquillé en modifiant légèrement la mélodie et en supprimant l’harmonica pour en faire une « anti-protest song » spécialement destinée à riposter à Antoine et à tous les chevelus qui n’ont que leurs chansons et leur guitare pour dénoncer la guerre du Vietnam. Malgré ce contretemps, la chanson de Johnny connaît un succès suffisamment considérable pour couper la France en 2 pendant un certain temps… D’ailleurs Johnny a fait une tentative de suicide le 10 septembre avant de revenir en force avec l’adaptation de « Black is Black » de Los Bravos en « Noir c’est noir » où il évoque cette période trouble.
Cependant la véritable victime de cette « Guerre des chansons » (chantée par France Gall) sera finalement le 3ème larron ; celui qui n’y est pour rien, à savoir Ferre Grignard pour qui la gloire était arrivée trop tôt. Gloire éphémère. Il pensait que ça allait durer et a mené la grande vie. Le plagiat de Johnny l’a laissé sans réaction et il n’a touché aucun droit d’auteur alors qu’il était déjà criblé de dettes et de ce fait, a refusé de payer ses taxes. Il était par ailleurs sous l’emprise de l’alcool et a quitté Philips pour Barclay. Mais ses disques suivants ont été des échecs commerciaux et il a progressivement sombré dans la solitude et l’alcoolisme. Lorsqu’il a été découvert mort d’un cancer de la gorge à Antwerp en 1982, il vivait dans une masure sans chauffage entouré de bouteilles vides.
Personne ne sait au juste à quel point Johnny Hallyday était musicalement impliqué dans cette affaire. Ses biographies sont relativement discrètes à ce sujet. Nul doute qu’il a dû négocier le premier tournant difficile de sa jeune carrière alors qu’il n’était sûrement pas prêt à affronter la concurrence venant de courants musicaux différents du Rock. Parler de « traversée du désert » à propos de Johnny en 1966 comme c’est parfois évoqué dans certaines biographies est parfaitement incongru car son succès a presque toujours été constant. Johnny Hallyday a toujours pu compter sur sa force et son entourage pour ne pas sombrer dans l’oubli. Reste que l’histoire de Ferré Grignard mériterait de plus amples éclaircissements ; une bien triste ‘’histoire belge’’ dont on se serait volontiers passé.

Écoute
Cheveux longs et idées courtes

Ferre Grignard – « My Crucified Jesus »
My Crucified Jesus

JETHRO TULL – Bourrée (1969)

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Jethro Tull

Bourée / Fat Man (1969) [Single]


En 1969, Jethro Tull était déjà connu des français mais c’est curieusement avec cette reprise de la « Bourrée » extraite de la suite en ré mineur pour luth de Jean-Sébastien Bach,  que le groupe va connaître un succès phénoménal alors que ce titre passe totalement inaperçu en Grande-Bregagne.
2 flûtes traversières, une basse tonitruante, une batterie délirante et une guitare rythmique ont suffit à transcender la composition du Cantor de Leipzig.
Seul le 1er thème, dont le rythme a été changé, a été repris ; Jethro Tull improvise ensuite à la flûte et à la basse en accélérant le tempo par la batterie avant de revenir au thème initial à la manière d’une formation de Jazz.
Cette reprise mélangeant le classique, le Jazz et le rock dans une atmosphère médiévale donne un résultat époustouflant.
Bien d’autres groupes vont ensuite reprendre cette Bourrée de Bach dont l’éphémère Bakerloo, mais avec un succès bien moindre.
Quelque temps plus tard, House of the King un morceau du groupe Hollandais Focus, sèmera une belle confusion dans les esprits français car beacoup ont cru que c’était un nouveau titre de Jethro Tull avec une flûte traversière jouée d’une manière similaire en solo.
Dans l’esprit de beaucoup de français de la fin des sixties, Jethro Tull c’est la Bourrée, à la limite les créateurs d’un seul tube…
Voilà bien une « exception française » car nulle part ailleurs, le simple s’est vendu autant que chez nous.

Écoute
Bourée