Maurice RAVEL – Boléro (1928)

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London Symphony Orchestra / Claudio Abbado

Boléro; Rapsodie Espagnole; Ma mère l’oye; Pavane pour une infante défunte (1986)


En 1928, Maurice Ravel compose une œuvre inhabituelle et d’une simplicité déroutante pour le musicien innovateur qu’il était.
Son idée était tout simplement de répéter pendant une vingtaine de minutes le même thème sans changer une seule note ni le rythme, ni même varier le tempo d’un iota.
La seule modification qu’il s’est autorisée est un unique changement de tonalité juste avant la fin.
Par contre, ce qui va évoluer, c’est la manière de jouer ce thème répétitif; et tout va se passer dans l’orchestre.
Ravel, l’un des meilleurs orchestrateurs de tous les temps, va faire parler son génie qui fera le succès que l’on sait.
Il commence imperceptiblement avec la caisse claire qui donne le tempo, puis la flûte traversière joue le thème, repris par divers instruments à tour de rôle, puis plusieurs ensemble qui s’additionnent et amplifient progressivement l’intensité pour se terminer dans un fracas assourdissant de tout l’orchestre.
Jamais auparavant un musicien n’avait osé composer ce type de morceau exploitant ainsi à fond les possibilités de l’orchestre.

Voici les circonstance de cette composition :

Ida Rubinstein demande à Ravel de composer d’urgence une musique pour un ballet.
Voici les circonstances de cette composition (par Gustave Samazeuilh).

« C’était pendant l’été 1928 par une chaleur accablante. Venu prendre Ravel pour aller à la plage, je le trouvais en costume de bain, vêtu d’un peignoir jaune clair, un bonnet rouge écarlate sur la tête, un télégramme à la main, me jouant d’un doigt sur le piano le thème du Boléro. (Do – si, do, ré, do, si, la, do – do, la, do…) et me disant : “Mme Ida Rubinstein me demande d’urgence un ballet. Mais que trouver par une canicule pareille ? Que dites-vous de ce thème ?
Si j’essayais de le redire un bon nombre de fois sans aucun développement en graduant de mon mieux mon orchestre ?… En tout cas, quoique je fasse, le « Boléro » conçu pour la scène, ne sera pas écouté en concert »

Après la première audition à l’opéra au mois de novembre 1928, Ravel avait déclaré à ses amis :

« Voici un morceau que les grands concerts du dimanche n’auront pas le front d’inscrire à leur programme »

Ravel se trompait ; l’œuvre fit le tour du monde.

Mots de Ravel à propos de son œuvre :

– Une fois l’idée trouvée, n’importe quel élève du Conservatoire devrait, jusqu’à la modulation, réussir aussi bien que moi.
– Mon Boléro aurait dû porter en exergue : « Enfoncez-vous bien ça dans la tête »
– Entendant quelque Tino Rossi de faubourg qui bolérisait à sa façon : « voilà ma musique qui pénètre dans les masses »
– Quelque temps après la création de l’œuvre, son frère lui rapporte qu’à l’audition du Boléro, une vieille dame s’était emportée jusqu’à crier « Au fou !» Ravel se contenta de répondre avec un sourire ironique : « Celle-là vois-tu, elle a compris ».
Depuis, le Boléro est devenu, non seulement un des morceaux les plus joués de musique classique mais de musique tout court.
On le retrouve à toutes les sauces, dans la publicité, dans les films (« Les uns et les autres » de Claude Lelouche en 1981).
Il a même inspiré bon nombres d’artistes. Gilbert Bécaud, lorsqu’il a composé « Et maintenant », a bien été inspiré partiellement par le rythme et le crescendo du Boléro de Ravel. Enfin le trio britannique de rock progressif, Emerson, Lake & Palmer a écrit « Abaddon’s Bolero » en 1972 dans leur album Trilogy, qui n’est autre qu’un pastiche du Boléro de Ravel.
Mais ce qui fait la force de Ravel c’est l’originalité. Son Boléro a été maintes fois imité, adapté, massacré, samplé mais jamais égalé.
Nul doute qu’il hantera encore longtemps des générations entières de musiciens par le traîtement magique de l’ochestre qui a fait l’œuvre.

« Boléro – Maurice Ravel by Claudio ABBADO« 

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